« Andrea Camilleri sillonne l’Italie à l’arrière d’une Alfa Romeo grise. C’est le nouveau parrain du polar transalpin : 1 million d’exemplaires vendus dans la péninsule pour la seule année 1998. Costume sombre, menton relevé qui en impose, il en a le succès, l’âge (78 ans) et un sévère penchant pour la boustifaille. Voilà donc une soirée spéciale « polar et pasta » pour asseoir sa notoriété. Camilleri palabre : sa Sicile natale, la Mafia, son héros, le commissaire Montalbano, sorte de Maigret sauce italienne, qui lui valut son succès sur le tard, en 1994. Désormais, c’est une star : il a un fan-club sur l’Internet, un jeu sur CD-Rom et des lecteurs qui le harcèlent pour connaître la suite des aventures de Montalbano. Comme J. K. Rowling pour Harry Potter. Il en a marre, préfère encore aller au resto se goinfrer de poissons. Ou, tel un patriarche, remonter la péninsule à la rencontre des auteurs de « la nouvelle vague du roman noir italien ». Voilà pour l’apéritif, un docu amuse-gueule signé Susanne Dobke.
Ensuite vient le téléfilm le Voleur de goûter, adapté d’un de ses livres par ses propres soins. C’est un peu copieux, épicé, mais bien huilé. On découvre le fameux Montalbano, flic ronchon et macho. L’intrigue des cadavres dans le petit port de Vigato, une affaire de terrorisme international ne s’encombre pas de fioritures. De ses maîtres Simenon ou Sciascia, Andrea Camilleri a appris la concision et gardé le goût des figures hautes en couleur. Une tambouille drôle et simple qui, à l’image des festins qu’aime faire son auteur, nourrit bien. »
Source : Libération, 7 août 2003